« Vous n’étiez pas au mieux de votre forme, allongé sur le gazon du stade. » C’est une détentrice de mains aux constantes de vie qui vous raconte des moments de votre existence que vous ignorez.
Les yeux sans expression, le regard lointain, il est vrai que je ne suis pas au mieux de ma forme. Je me souviens que la sensation de soif au début de la course était forte et inhabituelle. Mais voilà, nous étions partis, il ne restait plus qu’à faire confiance à ce corps, pour faire disparaître cette sensation de bouche pâteuse.
Kilomètre 2, tiens voilà Alain, au rythme régulier comme à son habitude, il est peut être parti un peu vite ou c’est moi qui suis lent. Tiens « 2m10 », c’est le surnom imaginaire que j’ai donné à ce coureur qui, en une foulée, avale deux des miennes. Comme d’habitude, j’entends d’abord son souffle court et saccadé, Jean-Charles ne tarde pas à montrer sa course déséquilibrée vers l’avant. Tout va bien, mon accélération est constante et régulière. Il y a bien des pensées négatives qui envahissent mon cerveau. De déceptions en désolation c’est toujours la même conclusion, tu es responsable de ce qui t’arrive, alors cours et maintiens ton rythme, cela t’évitera de penser, délire habituel d’un coureur.
Kilomètre 9, que se passe–t-il ? Cette machine qu’est mon corps donne des signes de faiblesses, c’est bien la première fois que cela m’arrive. Je m’arrête, ne tiens plus la ligne, « allez accroche-toi c’est bientôt la fin ». Un pied devant l’autre me voilà reparti, mais je n’y suis plus…
J’ouvre les yeux, j’étouffe, « respirez monsieur, respirez… Nous sommes la Croix Rouge ». En fait, ce sont des petites mains aux constantes de vies qui s’adressent à moi avec des discours incohérents.