Écrivaine et agrégée de lettres modernes, Camille Laurens aborde régulièrement la question du sentiment amoureux. Au sein de romans relevant en partie de « l'écriture de soi » (Dans ces bras-là, L'Amour, roman, Ni toi ni moi, Romance nerveuse), elle en sonde les origines, les constantes et les paradoxes. Selon elle, la rencontre n'est pas affaire de langage, mais d'images et de fantasmes. Une illusion, en somme.
En somme, la rencontre serait une répétition sans fin. Certes singulière à chaque fois, tout en étant la recherche d'un fantasme unique. Du coup, on tomberait systématiquement amoureux du même genre de personne, avec les mêmes joies et les mêmes souffrances à la clef. L'idée est séduisante. Alors la quête du bonheur au travers de l'amour ne serait qu'illusion. Puisque, chaque rencontre, chaque histoire ne serait que la recherche de l'assouvissement d'un fantasme récurrent. Cette thématique de la répétition serait difficilement perceptible, car elle serait au centre d'un brouillard. Ce brouillard était l'ensemble des paramètres liés à la réalité de la relation. Le hasard de la rencontre, pourquoi lui et pas un autre ? Pourquoi elle et pas une autre? Les positionnements sociaux, endogame, exogame, je peux le présenter à mon cercle. Le temps, voir le moment de la rencontre, je suis plus sensible à l'une des attentes de mon fantasme qui en définitive présente plusieurs facettes. Bref, je tombe toujours amoureux du même genre d'homme, poursuite d'une quête ou d'un fantasme, les joies et les souffrances se répètent.