D’ailleurs, mes premiers mots en japonais ont été watashi ce qui est le pronom personnel « moi » et anata pour « toi ». Ainsi je m’appelle Sisseko se dit " watashi wa Sisseko san desu". Littéralement « moi je Sisseko monsieur suis ». On remarquera que le verbe est à la fin de la phrase. Le rajout du suffixe tachi permet de former les pluriels. Ainsi, « nous comprenons le japonais » se dit watashitachi Nihon go arimasu. Soit « nous japonais langue acquise ». La phrase entière était watashi wa Sisseko-san desu. Dozo yoroshiku, la fin de la phrase signifiant, je suis très heureux ou très respectueux de vous avoir rencontré.
Pour retourner à mon bureau, je quitte toujours la cantine avant les autres, traverse le couloir central de l’institut avant d’atteindre notre salle de travail sans cloisons. De part et d’autre on trouve le bureau de mon senseï scientifique, Watanabé san, puis le bureau du sous-chef Ohtani san et de sa « secrétaire-élève en thèse » Mizugochi san. Derrière moi, le bureau du responsable terrain Tokaro san est juxtaposé à celui de l’office lady Nisoshi san. Tout ce petit monde constituant l’unité microclimat de l’institut de recherche sur la forêt et l’agriculture. En général, de retour à mon espace, j’ai environ 10 min de tranquillité devant mon ordinateur, ce qui correspond au temps pour assister au rituel du thé vert que je prenais soin d’éviter, après y avoir participé dans les premiers mois qui suivirent mon arrivée.
Une enveloppe clignote sur mon écran d’ordinateur. Surprise, c’est un courriel d’Emma. Décidément, cette femme a le don de me déstabiliser. Depuis notre première rencontre au Hot Staff, pas un mot, pas un regard, pas un signe, rien, mis à part les formules de politesse et maintenant un mail. Elle est certainement du genre peu de mots, peu de facéties et seulement des actes. Catégorie de ceux qui observent, analysent puis agissent. C’est peut être aussi le mode de séduction à la japonaise. Les hommes se présentent mais ne sont jamais insistant. Ce sont en définitive, les femmes qui décident. Peu importe la méthode, le résultat est sans équivoque, j’ai le palpitant qui s’emballe, inutile de faire de longues phrases, je suis resté, sous le charme durant toutes la période d’observation et d’analyse. En ouvrant ce courriel, j’en déduis qu’elle vient clairement de me choisir.
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