Anne-Marie de La Garde faisait un triste constat : La crise avait touché son foyer. Qu’à cela ne tienne, c’était l’occasion de se lancer dans une nouvelle aventure Bobo-écolo. Elle allait revendre quelques fringues. Tant pis pour Le Secours Catholique, après tout, Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Un prospectus trouvé à la médiathèque lundi dernier annonçait une bourse aux vêtements la semaine suivante sur la commune de Vantouilly-les-Bois. Elle fit ses cartons à la hâte et rentra l’adresse indiquée dans son GPS.
« - Vous êtes arrivé à destination » Ah bon ? Mais il n’y a pas de magasin ici, tout juste quelques HLM pourris. Bon, tant pis, elle décida de se renseigner au bureau de tabac du coin.
- « Bonjour Madame, je cherche la rue Henri Barbusse »
- « Alors là, j’sais pas, et toi Mimil ?
- « Ca me dit rien »
- « Auriez-vous l’extrême obligeance de me laisser jeter un œil sur l’une des cartes que vous vendez ?
- « bonne idée »
La buraliste déplia la carte sur le comptoir et elles s’efforcèrent de trouver la case X3.
- Qu’est ce qu’elle fout la bourge, Simone, mon Ricard, c’est pour aujourd’hui ou pour demain »
- « et mon Loto, y va pas se faire tout seul.. »
L’aventure tournait au chianto-prolo. Anne-Marie examina la carte.
- « c’est quoi que vous cherchez, ma petite dame, »
- « la bourse aux vêtements du quartier Joli Bois »
- Mais c’est juste en face, je vais vous accompagner »
L’haleine chargée de l’épouvantail vivant qui venait de lui répondre lui fit l’effet d’une gifle.
- C’est très gentil de votre part mais indiquez moi juste le chemin, je vais me débrouill..argh
Une bouche édentée venait de lui baver sur la main
- « pas question, Madame, il faut s’entraider, pas vrai Mimil ? »
Flanqué de son chevalier servant ; Anne-Marie se dirigea vers sa voiture. Allons, bon, un bon désodorisant lui ferait oublier tout cela.
« - Continuer tout droit et voilà, on est arrivé »
Il était temps, Anne-Marie avait le cœur au bord des lèvres.
« -Merci encore, Monsieur… »
« -Y a pas de quoi »
Ouf l’épreuve touchait à sa fin.
Elle prit ses cartons et monta tant bien que mal les quelques marches qui menaient à l’entrée du bâtiment C.
Une femme à la mine renfrognée était assise sur une chaise avec de gros sacs de voyage à ses pieds.
A ce moment là, un adolescent passa en trombe, manqua de la renverser tout en ricanant : Alors Machine, le train n’est toujours pas passé !!! Et il disparut dans la cage d’escalier.
Anne-Marie sentit le découragement la gagner. Elle se laissa tomber sur une chaise libre et posa ses cartons à terre.
Cléo.colline